Définition

L’entreprise libérée est un terme qui a été inventé par Isaac Getz dans son livre de référence « Liberté & Cie », co-écrit avec Brian M. Carney. Dans cet ouvrage, il décrit plusieurs entreprises à travers le monde, appartenant à tous secteurs, qui, à un moment de leur histoire, ont choisi de changer de mode d’organisation, pour se tourner vers un fonctionnement où le contrôle et la responsabilité sont confiés aux travailleurs.

Vous trouverez ci-dessous une courte vidéo qui montre, dans les grandes lignes, ce qu’est une entreprise libérée.

On peut observer des similitudes entre toutes les entreprises libérées. Par exemple, dans ces dernières :

  • Le travailleur est considéré bon et digne de confiance, ce qui permet de lever le contrôle sur son activité et les ressources qu’il utilise
  • Le travailleur est celui qui sait le mieux comment exécuter sa tâche et ce dont il a besoin pour se faire
  • Le client final est celui qui nous paye et pour lequel nous travaillons (les travailleurs travaillent pour le client et non pour le patron)
  • Le fonctionnement en mini-usines (ou mini-équipes) spécialisées pour un client ou un produit (ou autre) est favorisé
  • Le management n’est plus là pour organiser, contrôler ou structurer mais pour aider, répondre aux demandes et apporter tout le support nécessaire aux travailleurs (du reste, le management est fortement réduit/réorienté)
  • Ce qui apporte de la valeur au client et gardé. Tout ce qui n’apporte aucune valeur est tout bonnement supprimé (comme certains rapports que personne ne lit jamais !)

Et bien d’autres choses encore ! L’idée ici est que :

  • Le travailleur est un adulte responsable qui sait ce qu’il fait et qui, comme dans sa vie privée, demande du support quand il en a besoin.
  • La relation entre le client et le travailleur doit être la plus rapprochée possible. Cela permet au travailleur de s’adapter plus rapidement aux besoins du client mais aussi d’avoir ses retours en direct.

Tout le reste doit être passé au tamis du bon sens et de la génération de valeur pour le client. Une véritable révolution, et ça marche !

Pour plus d’informations

Je pourrais vous parler d’entreprise libérée pendant des heures car ce sujet me passionne. Cependant, plusieurs autres personnes en ont déjà parlé et l’on certainement fait beaucoup mieux que ce que je pourrais faire.

Aussi, si vous souhaitez aller plus loin dans les définitions et dans les exemples d’entreprises et d’administrations (Exemple : la sécurité sociale Belge) qui ont appliqué ce type d’organisation, je vous renvoie aux excellents livres ci-dessous:

Liberté et développement personnel

De mon côté, fort de mes lectures, des reportages que j’ai vu et de mon expérience, il m’apparait que libérer une entreprise ne peut pas se faire sans libérer le dirigeant de cette dernière.

Le dirigeant doit faire un gros travail afin d’identifier toutes ses croyances limitantes au sujet de son entreprise mais aussi de comprendre à quel niveau se situe son besoin de contrôler son entreprise. Au préalable de tout travail, il est nécessaire qu’il soit au clair avec ses motivations et les raisons qui le poussent à libérer son entreprise. Sa motivation ne peut pas être exclusivement monétaire sinon, il y a un fort risque que cela ne fonctionne tout bonnement pas.

C’est là qu’entre en jeu le développement personnel et tous les outils associés. En effet, libérer l’entreprise c’est libérer son dirigeant d’abord. Une fois ce dernier libéré, le travail est loin d’être terminé car il faut ensuite libérer et accompagner dans ce changement majeur tous les employés. C’est un exercice hautement collaboratif et passionnant !

Une fois la transformation terminée, il ne faut pas baisser la garde et continuer à veiller à ce que cette organisation puisse continuer à fonctionner sans blocage externe ou interne. En effet, une entreprise libérée peut « régresser » lors du changement de son dirigeant si ce dernier n’est pas libéré et rétabli les contrôles et le besoin de suivi.

Outils et techniques

Une fois que le dirigeant est convaincu et qu’il a retroussé ses manches, la libération de l’entreprise peut commencer. Cela demande énormément de communication (authentique et transparente) aux équipes pour vendre ce changement d’organisation et démarrer la co-construction du plan de transformation.

Dans cette étape, plusieurs méthodes et outils peuvent aider comme les « méthodes » agiles (véritablement appliquées et non comme effet de mode), et tout autre outil pertinent. C’est pour cela que les équipes doivent être accompagnées, guidées et formées pour acquérir les méthodes utiles et pertinentes à cette transition et au fonctionnement de demain. 

Nous pouvons observer que, dans plusieurs entreprises libérées, une vision et/ou une devise a été co-définit par les équipes. Cette vision sert de cadre de référence et permet de garder les équipes alignées. Certaines entreprises ont même créé leur propre blason.

La technique de définition du blason est utile pour souder une équipe autour d’un objectif commun, de donner du sens aux actions de cette équipe et aussi créer un sentiment d’appartenance au groupe. On l’utile aussi au niveau individuel pour trouver sa voie ou recréer une vision de vie.

Voici le blason et la devise de l’entreprise FAVI.

Ici le blason que nous avons co-construit en équipe avec les coachs de l’équipe Bienveillance.

Conclusion

Pour moi, ce mode d’organisation est celui de demain. En effet, avec la génération Z et ses besoins, le désengagement croissant des salariés et la multiplication des démissions silencieuses (« quiet quitting »), l’entreprise, ainsi que l’administration n’ont pas d’autres choix que d’évoluer et d’enfin remettre l’humain au centre de leur organisation. Mais ce n’est qu’une étape. Je reste persuadé que l’organisation de demain, dans le monde 5D, le fonctionnement se fera par projet et par réseaux de compétences. Les structures seront éphémères, le temps du projet, et seront dissoutes à son terme. Quant à l’industrie et à la production de biens complexes ou hautement transformés, je reste convaincu que l’avènement de l’Intelligence Artificielle (IA) viendra en support de petites équipes libérées et qu’il n’y aura plus besoin de scléroser ces dernières de multiples couches managériales.

Cadeau

Pour continuer votre réflexion, je vous conseille l’excellent ouvrage de Ricardo Semler, le dirigeant de la Semco (une multinationale Brésilienne totalement libérée), qui montre comme une entreprise énorme peut fonctionner en « autogestion » :

Vous pouvez aussi voir l’excellent TED de Ricardo Semler dans lequel il explique le raisonnement qu’il a eu pour son entreprise. Il s’est posé des questions du style : Pourquoi avons-nous besoin de savoir à quelle heure les employés arrivent et partent ? Pourquoi les employés ne pourraient-ils pas définir leur propre salaire ? Pourquoi devrions-nous attendre d’être à la retraite pour apprendre le violon ou faire cette randonnée ? Pourquoi ne pas le faire maintenant, tant qu’on est en bonne santé ? Etc… Passionnant 😊